Voici une interview de Florence pour " les filles affranchies "" INTERVIEW DE FLORENCE FORESTI
Le 16 juin dernier, Florence Foresti se produisait dans le cadre du festival Morges-sous-rire. Révélée par la télé, sa réputation l'a devancée et nous avons tout fait pour la rencontrer, pour aborder de plus près ce personnage attachant que l'on guette deux fois par semaines sur France2.
Le spectacle fut au-delà de nos espoirs, la demoiselle déploie une énergie et une originalité peu communes, elle alterne les sketchs et les confessions au public. On est tout de suite conquis.
Je n'en parle pas trop, parce que ça vaut vraiment la peine de le voir, mais de tous les spectacles que j'ai vu, c'est le plus tendre, le plus subtil et le plus drôle. Oubliez le fitness, une dose de Florence Foresti par jour et vous aurez des zygomatiques et des abdos en béton !
Après le spectacle, Florence Foresti a eu la générosité de nous recevoir dans les loges pour une interview. Humble et chaleureuse, sincère et drôle même en vrai. C'est une sacrée nana. Pas à dire, c'est une Affranchie!
Son interview :
Par rapport aux hommes et aux femmes, comment te situes tu ? Es- tu un ange ou un transexuel ?(rires) je crois que je suis un garçon manqué comme beaucoup de filles dont les papas voulaient des petits garçons, et qui se sont retrouvés avec des filles, donc voilà à 6 ans je jouais avec des voitures. Les filles comme moi ne sont pas beaucoup représentées dans l'humour ou même à la télé. Dans les fictions c'est toujours la maman, la secrétaire ou la maîtresse hystérique, toutes les femmes ne sont pas représentées, c'est dommage de passer à côté. Moi je ne fais pas exprès si je suis garçon manqué, les femmes sont multiples et on ne le voit pas assez.
Qu'est ce qui te fait rire ?Par exemple dans le sketch "j'aime pas les garçons, j'aime pas les filles" ce qui me fait rire c'est de constater que les rapports sont les mêmes qu'au préau. Ma nièce me racontait "Ils sont pas sympas les garçons, ils me tirent les cheveux" et bien à 30 ans c'est un peu pareil, les problèmes sont déplacés , mais les mêmes.
Les femmes aussi me font beaucoup rire, dans leurs discours sur les hommes, leurs ruptures, j'adore ! Parce que je suis aussi très fille ! J'adore la mode, j'achète toutes les semaines le Elle et mon mec l'équipe ... d'ailleurs il paraît que je suis en photo dans l'équipe...
Ton chien Xenos, c'est le fils de Guy Carlier ?On dirait ! Non c'est trop méchant, je l'adore, il est trop gentil. Non, mon chien c'est mon fils, c'est honteux mais je l'aime trop !
Qu'est ce qui te met en colère ?Je ne suis pas trop colérique, plutôt morose. Je fuis ce qui me met en colère, je suis émotive, une telle angoissée que si je pense trop aux choses qui m'énervent, je deviens dingue. Mais ce qui me met en colère c'est la condition des femmes, dans les pubs par exemple. Souvenez-vous "il a la voiture, il aura la femme" ou "il est si beau quand il tape son code" qu'on fasse dire ça à une femme me révolte, ça alimente tous ces clichés sur les femmes.
Serais-tu engagée dans ce domaine? Anti-pub ou féministe ?Je ne suis pas anti-pub, j'aime bien ça, mais engagée oui, je suis pro-femme. Je ne suis pas engagée sur scène, mais en revanche j'essaie d'être fidèle à mes idées. Même à la télé où ce sont des commandes, j'essaie de m'éloigner des clichés, je m'en défends.
Sur scène je ne suis pas politico-machin, c'est pas le lieu, c'est trop sérieux, il faut vraiment être doué pour accuser quelqu'un ou quelque chose, j'aime pas taper gratuitement.
Lors de débats enflammés, par exemple, je ne prends pas parti si je ne connais pas tout le dossier, je n'ai pas la fibre de Bedos.
Pour pomper Poust, euh... (ma langue a fourché)
Ah non Poust est un looser, il a écrit deux trois m*** et terminé ! Alors que Proust...
Je ré-essaie, pour pomper Proust, pour quel défaut as-tu le plus d'indulgence ?La bêtise, c'est pas très grave, quand elle n'est pas méchante, ça ne me dérange pas. Par exemple les filles bébêtes, si elles sont touchantes, ou si elles ont une générosité peuvent devenir des copines.
Mais pas de mecs idiots ?Ah non les mecs idiots même pas que je les connais !
On ne s'entend pas, pour les femmes j'ai plus d'indulgence.
On dit que les femmes comiques font peur aux hommes, c'est un cliché !
Oui, mais c'est quand même vrai.
Est-ce que le cliché justement c'est un ami de l'humoriste ou un ennemi à abattre ?Je m'en méfie beaucoup. C'est dangereux de s'amuser avec des clichés, car c'est interprété par le public. Il entend ce qu'il veut, un gag sur un pays ou un peuple peut être interprété comme raciste, même si l'idée de l'humoriste en est à des lieues. Il faut beaucoup de talent, de bouteille et d'intelligence, si tu le joues mal, tu peux te planter.
L'échec, dit Cioran, nous dévoile à nous mêmes. Qu'en dis-tu ?Pas faux. L'échec rend plus sensible, plus humble, car il te renvoie à ce que tu es. Ça ouvre les yeux, mais c'est très douloureux si tu es seule sur scène, tu peux t'appuyer sur rien, tu ne peux pas accuser le scénario ou la mise en scène, ton échec il est pour toi. Si tu as une mauvaise critique t'en dors pas, tu le prends pour toi, en tant qu'artiste mais aussi en temps que personne.
Mais sais déjouer l'échec, le bafouillage, l'oubli, comme tu le montres parfois chez Ruquier.
Oui, la télé m'a appris ça, une vanne ratée tu dois l'assumer, c'est un exercice qui m'apprend beaucoup.
Une fille affranchie pour toi, c'est quoi, c'est qui ?C'est moi !
Non... c'est dur de l'être aujourd'hui, on a un lourd passé, qui a la peau dure.
Et si tu devais interviewer Florence Foresti, tu lui demanderais quoi ?Oh à peu près ce que tu m'as demandé.