Laurent Boutonnat, un homme que j'admire énormément (enfin pour être franche je pense que l'on peut parler de Génie du cinéma et de la musique) vient de réaliser son 3ème film: Jacquou le croquant.
Une adapation d'un roman datant de 1899.
Mais avant de vous présenter le film,je pense qu'il est important de dire quelques mots sur
Laurent Boutonnat (ou plutôt d'en citer).Voici ce qui a été dit de lui en 2003 lorsque
il a reçu le Grand Prix de l'Auteur-Réalisateur de l'Audiovisuel (décerné par la SACEM):
"Lorsqu'on se réfère aux réalisateurs phares des années 80, on pense immédiatement aux "deux B" : Beineix, Besson. Sans comparer en rien les styles ni les hommes, on devrait pourtant en ajouter un troisième : B comme Boutonnat. Quels que soient les formats et genres abordés par ce dernier (clip, court ou long-métrage), il les a en effet toujours traités en cinéaste, avec un regard et une perspective que n'auraient pas reniés Kubrick, Lynch ou Burton (Tim). Certes, notre homme a essentiellement tourné autour d'une interprète, mais n'est-ce pas là le propre des grands, de Sternberg à Fellini ? Certes, il a filmé des chansons, mais si loin et si haut qu'elles parlaient autant à l'œil qu'à l'oreille, suprême victoire pour un réalisateur-compositeur, et devenaient des fresques en elles-mêmes ! Certes, il a laissé libre cours à une imagination débridée, quasi surréaliste, dynamitant tous les codes du récit classique, mais qu'ont fait d'autre Welles, Godard, Warhol, Garrel ? En fait, l'aventure de cet artiste, mi pygmalion mi fantôme du paradis, dont la rareté des apparitions publiques est proportionnelle au légendaire mutisme de son égérie -décidément, il y a du Garbo/Sternberg là-dessous !- est sans équivalent dans le "show-business" français. Et, comme par hasard, la vie de Laurent Boutonnat est à la mesure de sa carrière : légendaire." Maintenant, Jacquou le croquant!
DVDRAMA.com: "Le site de Jacquou le Croquant, le deuxième film de Laurent Boutonnat, vient tout juste d'ouvrir et propose
d'entrée un teaser des plus alléchants. Adapté pour le cinéma par Laurent Boutonnat lui-même et Franck Moisnard d'après le roman d'Eugène Le Roy, ce film d'aventures promet de donner
la part belle au grand spectacle tout au long de ses deux heures vingt, fort d'un budget de 20 millions d'euros. Le réalisateur s'appuie sur un
casting impeccable, avec
l'excellent Gaspard Ulliel en tête d'affiche dans le rôle de ce jeune paysan désireux de se venger de l'homme qui a fait de lui un orphelin et un voleur. Aux côtés de l'acteur, on retrouvera Jocelyn Quivrin, Albert Dupontel, Tcheky Karyo, Marie-Josée Croze et Olivier Gourmet. Jacquou le Croquant sortira sur les écrans français le 17 janvier prochain.
Cela fait plus de douze ans que Laurent Boutonnat n'avait pas réalisé de long métrage, soit depuis le lynchage injuste et injustifié dont fut l'objet le pourtant mémorable Giorgino, son premier film. Qu'on l'aime ou non, force est de constater que cette oeuvre singulière et éprouvante n'est pas de celles que l'on oublie facilement. C'est donc non sans une certaine impatience que l'on attend le prochain long métrage de celui qui fut des années durant le talentueux compositeur des tubes de la chanteuse Mylène Farmer, et réalisateur de ses plus beaux clips vidéos."
commeaucinema.com : Avec Jacquou le Croquant,
célébrons le retour du cinéma de grande envergure avec une adaptation captivante de notre patrimoine culturel, une interprétation charismatique de ses interprètes principaux (Gaspard Ulliel et Jocelyn Quivrin en tête) et une vraie recherche dans les décors et costumes. La très bonne idée de cette adaptation cinématographique est de se consacrer uniquement à la vie de Jacquou dans ses premières années (enfance, adolescence et début de l’âge adulte), alors que le livre dépeignait la vie entière du héros. Ainsi le film resserre l’action dramatique autour de son héros et donne une part importante à l’évocation de son enfance (
mention spéciale au jeune comédien Léo Legrand qui tient le rôle de Jacquou avec une grande justesse pendant la première moitié du film) afin de comprendre ce qui va motiver le Jacquou adulte, partagé entre son désir de vengeance et de justice.
On a évoqué le
gros travail de reconstitution dans les costumes et les décors, il ne faut pas oublier celui du maquillage qui permet à Jocelyn Quivrin d’interpréter avec une grande crédibilité un Nansac aussi coriace à 30 ans qu’à 45 ans !
Réalisé avec une véritable passion pour son sujet, Jacquou le Croquant offre des scènes d’anthologie particulièrement saisissantes comme celle du bal où le concours de danse du village se transforme en véritable duel de matadors, entre Jacquou et Nansac.
Il y a également
de belles surprises côté seconds rôles, puisque si l’on reconnaît avec plaisir le jeu des comédiens Tchéky Karyo et Oliver Gourmet, on découvre de nouvelles comédiennes aux côtés du héros qui apportent
une dose de plus de romantisme enfiévré.
Les nobles sentiments sont ainsi à l’honneur et
Laurent Boutonnat réussit à merveille l’exercice, ô combien périlleux, de l’adaptation cinématographique d’un classique de la littérature française. A présent, courons tous à la suite de Gaspard le Craquant !
Laetitia Heurteau
LE FIGARO MAGAZINE : De la toile à l'écran
PAR CLARA GÉLIOT.
Trente ans après avoir fait l'objet d'une série télévisée à succès, le roman d'Eugène Le Roy vient d'être adapté par Laurent Boutonnat pour le cinéma, avec Gaspard Ulliel. Pour réaliser ce film pictural, le cinéaste s'est inspiré de peintres aussi divers que Millet, Rembrandt, Repine, Ingres, Géricault ou Goya.
Spectaculaire. C'était le mot d'ordre de Laurent Boutonnat lorsqu'il a eu le projet de retracer sur gand écran les aventures de Jacquou le Croquant *, ce jeune paysan du XIXe siècle en rébellion contre la noblesse, imaginé par l'écrivain Eugène Le Roy. En privilégiant l'esthétique, le réalisateur a voulu doter sa mise en scène de décors et de costumes dignes des plus beaux tableaux. Pour cela, il fallait s'attaquer à
un travail de documentation colossal, tant du côté de la peinture que de la sculpture ou de la photographie.
L'aventure ne pouvait qu'emballer Jean-Daniel Vuillermoz, un créateur de costumes qui s'est illustré à l'opéra ou au théâtre, mais aussi au cinéma, avec La Reine Margot ou Saint-Cyr, le film de Patricia Mazuy qui lui valut un césar en 2001. Afin d'habiller tous les protagonistes de l'histoire de Jacquou, qui se déroule dans le Périgord des années 1820-1830, il s'est donc constitué
une vraie documentation sur l'époque, pour ensuite recréer une mode à partir de plusieurs sources d'inspiration. «Pour tous les costumes de la noblesse et de la bourgeoisie, dit-il, je me suis inspiré des oeuvres de Jean Auguste Dominique Ingres et de toute la peinture du XIXe siècle, notamment celle de Daumier, Prud'hon, Goya, Delacroix ou Constable. Pour les paysans, j'ai cherché des peintures liées au monde rural, comme on en trouve chez Jean-François Millet, Théodore Géricault ou le peintre russe Ilia Repine.» Finalement, sa recherche l'aura mené vers des artistes tels que les frères Le Nain, Jean-Baptiste Greuze ou l'Italien Giacomo Ceruti, et jusqu'à la photographie contemporaine, puisque chez les amis de Jacquou, on retrouve les visages des enfants des rues captés par l'Espagnol Sébastien Salgado.
Pour les décors, Boutonnat s'est appuyé sur le talent de Christian Marti, un architecte décorateur formé au théâtre, qui s'est illustré au cinéma avec de grands succès comme Germinal ou Le Hussard sur le toit. Sur les conseils du réalisateur, lui non plus n'a pas hésité à s'éloigner de l'art du XIXe. «Le but n'était pas de reconstituer le décor de l'époque avec une fidélité extrême, explique-t-il. Mais nous l'avons bien intégré afin d'être ensuite plus libres d'imaginer des choses.»
Des lumières de qualité, travaillées à la façon des tableaux de Rembrandt pour les intérieurs. Dans la chaumière de Jacquou, à l'église, au tribunal ou au château, Boutonnat s'est attelé à ce que l'on ressente «l'importance du temps, la patine, l'usure des choses». Dans un décor artificiel à 80%, le travail sur chaque meuble, chaque objet a nécessité une certaine minutie. Ainsi, chez le comte de Nansac, Christian Marti s'est-il «amusé» à créer un blason, qu'il a reporté non seulement sur une plaque au-dessus de la cheminée de la salle à manger, mais aussi dans chaque assiette, sur chaque fauteuil. «On ne peut faire l'impasse sur rien, avoue-t-il. D'une part parce qu'on ne sait jamais à quel moment la caméra se rapprochera d'un objet, et d'autre part parce que si l'illusion est parfaite, le décor ne pourra jamais interférer dans la magie du film.» Autant de joyaux voués à être détruits. Marti se souvient d'ailleurs d'avoir eu un pincement au coeur lorsqu'il a vu, lors du tournage d'une scène d'incendie, une magnifique copie de Goya disparaître dans les flammes.
Grâce à une photographie et une lumière qui donnent au film un réalisme et une esthétique exceptionnels, le résultat est là. Et il prouve que le jeu en valait la chandelle. Evene.fr JACQUOU LE CROQUANT (4 étoiles sur 5):
Répondons de suite à cette question métaphysique essentielle : 'Jacquou' est-il croquant ? La réponse est positive. Laurent Boutonnat aura mis plus de dix ans avant de reprendre la caméra suite à l'échec de 'Giorgino' sorti en 1994 dans l'indifférence quasi-générale du public et une mise à mort des critiques. Et pourtant, ce film inclassable est enfin reconnu comme une oeuvre forte et incomprise. Gageons que pour 'Jacquou le Croquant', adaptation du livre d'Eugène Le Roy, l'issue en sera moins dévastatrice. Boutonnat y distille tous les ingrédients de l'univers qu'il a commencé à bâtir avec 'La Ballade de la Féconductrice' (son premier long réalisé en 1979 à 18 ans) et renforcer avec les clips de Mylène Farmer. On y retrouve donc l'enfance, thème central de son oeuvre, mais aussi la violence sous-jacente qui éclate soudainement, le sang sans cesse répandu, l'amour naïf pris dans les tourments de la vie.
On redécouvre une nature sublimée, une neige esthétisée, des champs à perte de vue où la caméra aime se poser, prendre son temps et capter les émotions. Le film est certes long, mais l'oeil en redemande, se goinfre d'images somptueuses, se perd parfois dans des ralentis clipesques, se rassasie de décors naturels ou reconstitués, foisonnants et majestueux. Boutonnat a depuis toujours le sens du détail, parfois jusqu'au malsain et au nauséeux. Mais il a aussi retenu les leçons de 'Giorgino' : le temps ne se suspend jamais assez pour enliser le film et l'action est toujours en train de poindre à chaque scène.
Dans cet écrin, on retrouve un casting composé de joyaux, même si l'on aurait souhaité davantage de profondeur de la part de Gaspard Ulliel qui mise plus sur son physique que sur son jeu. Quant à
la musique, entêtante, elle s'impose comme un personnage à part entière. On ne peut qu'espérer que ce 'Jacquou' de maître permettra de retrouver la caméra de sieur Boutonnat avant 2016...
Alors mes amis,courez tous voir ce film mercredi prochain,le 17 janvier! Les premiers échos que j'ai eu (des personnes ayant pû assister aux avants premières) sont plus que positifs: Tout le monde veut retourner voir Jacquou une 2ème,voire une 3ème fois :05: